Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/atom.xml2024-01-19T08:54:18.629308+00:00<![CDATA[Des ateliers d’écriture Solarpunk]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/Des%20ateliers%20d’écriture%20Solarpunk/2024-01-19T08:54:18.629308+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2024-01-19T08:54:18.629308+00:00<![CDATA[<p dir="auto">À l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), où Picasoft est née, c’est le moment des activités pédagogiques d’intersemestre. Ce sont deux semaines où les étudiant·es peuvent choisir de rester dans les locaux pour des ateliers plus divers.</p>
<p dir="auto">En particulier, une trentaine d’élèves a passé sa semaine à écrire des nouvelles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Solarpunk" rel="noopener noreferrer">solarpunk</a>. Encadré·es par des membres de Picasoft, de Framasoft, et des ancien·nes de l’UTC, iels ont imaginé des fictions qui se passent à l’UPLOAD (l’Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée). Ces récits devaient notamment <a href="https://librecours.net/modules/solarpunk/solarpunk/solweb/co/atelier.html" rel="noopener noreferrer">intégrer une composante scientifique</a>, pour se projeter concrètement dans le monde de 2042.</p>
<p dir="auto">Les nouvelles seront publiées sur le <a href="https://framablog.org/2024/01/15/des-ateliers-solarpunk-pour-imaginer-un-avenir-low-tech/" rel="noopener noreferrer">Framablog</a> au cours de la semaine prochaine. En attendant, nous reproduisons ici l’article d’introduction, dans lequel les Framasoftistes ont choisi des extraits de chaque histoire. Elles seront aussi lues en direct cet après-midi (vendredi 19 janvier à partir de 12h15) sur Graf’hit, radio <a href="https://grafhit.net/" rel="noopener noreferrer">écoutable en ligne</a> et sur la 94.9 FM dans les environs de Compiègne. Bonne lecture !</p>
<h3 dir="auto">Un début de vive altercation sur <em>Radio Padakor</em> risque de tourner au vinaigre entre le jardinier et l’écologue experte de la startup</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>… à ce problème de taille, continue Victoire, Écorizon apporte pourtant une solution plus qu’inespérée : l’éradication des écrevisses de Louisiane sera comprise au sein du programme de compensation écologique proposé par la firme. Pour ce faire, nous proposons de relâcher, de manière ciblée, sur une zone limitée et temporairement, une toxine issue des traitements de l’usine dans les eaux de l’Oise. Cette toxine ne viserait que les écrevisses, évidemment.</p>
<p>Jarvis est stupéfait : cela n’a aucun sens, il doit encore intervenir. Le vieil homme ne manque donc pas de couper la parole de l’écologue, une nouvelle fois, par un violent « Shut up ! » tout droit sorti de son cœur d’Écossais.</p>
<p>Il confronte la soi-disant écologue à ses propos, en la questionnant : comment une toxine, prétendument aussi efficace, pourrait-elle ne cibler que les écrevisses ?</p>
<p>Victoire, encore, ne se démonte pas : la toxine, prétend-elle, passe uniquement par les branchies des crustacés. Jarvis s’énerve : les poissons aussi ont des branchies, cette toxine leur serait également inoculée !</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Panique à bord de Padakor</em>, récit complet sous licence CC-BY-SA Radio Padakor, à paraître lundi 22 janvier sur le Framablog.</p>
<h3 dir="auto">À l’UPLOAD, ça discute après l’effort dans le jardin collectif partagé</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>« Pas mal, lâcha Émile, pour une première, vous vous en sortez plutôt bien !</p>
<p>— Merci, c’est pas si dur en fait le jardinage ! Il y a des petites techniques à apprendre et puis notre potager se retrouve rempli de bons fruits et légumes, répondit Maura enthousiaste.</p>
<p>— C’est vrai, mais il y a aussi toute la partie entretien du potager ! objecta le jardinier. Il y a dans toutes disciplines des parties moins agréables mais essentielles qui nous rendent encore plus fiers du travail accompli. »</p>
<p>Puis il se tut, il semblait méditer.</p>
<p>Théo saisit cette opportunité pour s’introduire dans la conversation.</p>
<p>« Moi quand je travaille sur les dirigeables, je suis toujours fier du travail accompli !</p>
<p>— Oh non, pas encore tes dirigeables ! s’exaspéra Maura.</p>
<p>— Vous saviez que les nouveaux dirigeables à panneaux solaires émettaient seulement l’équivalent d’1 % des émissions CO2 d’un avion pour du fret-</p>
<p>— Théo, reste concentré sur le potager ! lui intima Maura.</p>
<p>— Vous ferez moins les malins quand j’aurai un poste d’ingénieur dans une des usines d’assemblage !</p>
<p>— Les usines fluviales ? demanda le jardinier intrigué. »</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Mission dirigeable !</em> récit complet sous licence CC-BY-SA à paraître mardi 23 janvier sur le Framablog.</p>
<h3 dir="auto">Des enfants de 2042 visitent l’exposition « Compiègne avant la sobriété »</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>Louka s’était rapproché d’une ancienne carte de la région, il était surpris car il voyait de longs chemins de couleur sombre qui serpentaient de ville en ville.</p>
<p>« C’est quoi Papa ? c’est tout gris, dit l’enfant en pointant du doigt ces longs tracés.</p>
<p>– Ça tu vois, c’est une autoroute. Et là ce sont des routes nationales, ici les routes départementales et là les rues de la ville, expliquait Thomas.</p>
<p>Thomas poursuivit, décrivant à ces enfants ces voies de transports qu’ils n’avaient pas connues.</p>
<p>– À cette époque, nous utilisions des voitures pour nous déplacer. Une voiture c’était 4 sièges plus ou moins mis dans une boite. Puis on mettait cette boite sur quatre roues, on lui ajoutait un moteur avec de l’essence, et ça roulait…</p>
<p>Thomas continua en précisant que chaque voiture avait un « propriétaire » et de ce fait, on en faisait un usage individuel la plupart du temps. Il montra une photo où figurait une file de véhicules anciens.</p>
<p>– Mais, elle étaient énormes ces voitures ! Pourquoi elles étaient si grosses si on était seul dedans ? … ça sert à rien ! s’étonna Louka.</p>
<p>Face à la surprise de son fils, Thomas soupira. Il lui revint en mémoire les heures de bouchon pour aller travailler dans un bureau d’une compagnie d’assurance située à 25 km de chez lui.</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Compiègne avant les années sobres</em>, récit complet sous licence CC-BY-SA à paraître mercredi 24 janvier sur le Framablog.</p>
<h3 dir="auto">Quand on veut profiter de la cantine communautaire de l’UPLOAD, on participe d’abord</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>C’était le Corridor, le lieu de livraison de la nourriture. Didier sortit de son gros sac à dos des courgettes, des pommes et des poires. Une étudiante les lui prit, le remercia, et alla les donner en cuisine. Daniel fut surpris qu’elle ne donne pas de l’argent à son ami en échange.</p>
<p>« Allons manger maintenant ! s’exclama Didier.</p>
<p>– Attends… mais on est pas étudiants, on a pas le droit. Et pourquoi elle ne t’a pas payé ?</p>
<p>– Le principe du ReR, la cantine « Rires et Ratatouille », repose sur la collaboration de chacun à son bon fonctionnement. Pour y avoir accès, les élèves suivent des cours et des activités en rapport avec l’agriculture, et les personnes extérieures peuvent y manger si elles apportent de la nourriture ou aident en cuisine. On a apporté des fruits et des légumes, on peut maintenant manger sans payer. Allez, à table ! »</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Jardins de demain, jardins malins</em>, récit complet sous licence CC-BY-SA à paraître jeudi 25 janvier sur le Framablog.</p>
<h3 dir="auto">Dans le bâtiment sécurisé où ils viennent de travailler tout l’après-midi, un groupe d’étudiant⋅es cherche à quitter les lieux</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>Quelques heures passent encore, sans plus aucune interruption. Une fois leur première série d’expériences terminée, tous se dirigent vers la porte. Dylan pose son index sur le lecteur d’empreintes mais celui-ci s’allume en rouge. La sortie lui est refusée.</p>
<p>– Et merde, on est bloqués, la porte ne s’ouvre pas !</p>
<p>– Arrête de faire une blague c’est pas drôle, répond Adrien.</p>
<p>Les autres essaient à leur tour, en vain.</p>
<p>C’est Noah qui comprend tout à coup :</p>
<p>– Ah oui ! Ça doit être parce qu’il est plus de 14h.</p>
<p>– Comment ça ? chuchote Candice d’une voix blanche.</p>
<p>– Vous ne vous souvenez pas de l’annonce des opérateurs de télécom ? Ils avaient décrété que les réseaux de l’Oise allaient devenir intermittents. Internet n’est actif qu’entre 11h et 14h puis entre 22h et 6h. Ça ne vous dit vraiment rien ?</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Un réseau d’émotions</em>, récit complet sous licence CC-BY-SA à paraître vendredi 26 janvier sur le Framablog.</p>
<h3 dir="auto">Est-ce que cet éleveur qui veut rénover son exploitation va pouvoir trouver des compétences à l’UPLOAD ?</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>— Je suis dans l’élevage bovin et la production de lait. Mais ça devient dur et j’aimerais bien transformer une partie de mon vieux corps de ferme en un endroit sympa où les gens pourront acheter du fromage, du lait frais, du maroilles ou d’la tome au cidre. En plus de tout cas, j’prévois aussi d’avoir un coin pour avoir du stock… Tout ça, pour mettre en place du circuit court. Ça m’permettrait aussi de vendre les rollots que j’fais à plus juste prix.</p>
<p>— Ça me semble de très bonnes idées ! Je suis la responsable projet de l’UPLOAD, et nous recherchons des propositions des collaborations entre nos élèves en dernière année et les habitants de l’agglomération. Avez-vous…</p>
<p>Joël, d’une voix franche quelque peu irritée, coupe la parole à son interlocutrice.</p>
<p>— Je te coupe tout de suite m’dame, j’pense pas que ce genre de projet puisse être confié à des gamins étudiants. Faut des têtes bien pleines, des gens qui savent faire des calculs de structure, thermique et autres. J’ai pas envie que mon bâtiment tombe sur la tête des clients ou que mes fromages tournent.</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Réno pour les rollots</em>, récit complet sous licence CC-BY-SA à paraître vendredi 26 janvier sur le Framablog.</p>
<h3 dir="auto">Pour rénover les dortoirs délabrés de l’UPLOAD, on choisit lowtech ou hightech ?</h3>
<blockquote dir="auto">
<p>Apu, animé par la conviction que des solutions simples pouvaient avoir un impact majeur, commença à partager son histoire.</p>
<p>« Stella, tu sais, à Mumbai, j’ai vu comment des matériaux locaux simples peuvent faire une différence dans la vie quotidienne. Les briques en terre crue, par exemple, sont abondantes et peuvent être produites localement, réduisant ainsi notre empreinte carbone. »</p>
<p>Stella, initialement sceptique, écouta attentivement les explications d’Apu tout en esquissant quelques notes sur son propre cahier.</p>
<p>« Les briques en terre crue peuvent être une alternative aux matériaux de construction conventionnels, » suggéra Apu, esquissant un plan sur son cahier. « Elles peuvent être produites localement, réduisant ainsi notre empreinte carbone. »</p>
<p>Stella répondit :</p>
<p>« C’est intéressant, Apu, mais il faut voir au-delà de la simplicité. Moi je verrais bien des panneaux solaire, des éoliennes qui se fondent dans l’architecture, et l’utilisation de l’énergie hydraulique par exemple avec un barrage.</p>
</blockquote>
<p dir="auto">extrait de <em>Renaissance urbaine</em>, récit complet sous licence CC-BY-SA à paraître samedi 27 janvier sur le Framablog.</p>
]]><![CDATA[La maintenance informatique : une pratique militante]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/La%20maintenance%20informatique%20:%20une%20pratique%20militante/2023-04-19T16:18:50.780213+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2023-04-19T16:18:50.780213+00:00<![CDATA[<blockquote dir="auto">
<p>Il y a quelques temps, on s’est rendu compte que, tous les jours ou quasi, on passait vraiment un temps fou à réparer des trucs en informatique.</p>
</blockquote>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/5BD080B4-43CE-33F7-C6DB-5B602FE8269C.gif" alt=""></p>
<blockquote dir="auto">
<p>Alors déjà c’est pénible parce que, ce temps, on aimerait bien en faire autre chose. Mais le piiiire, ce n’est pas d’y passer des heures, c’est d’avoir le sentiment que ce qu’on fait est inintéressant et ingrat au possible. On s’acharne dessus (parce qu’il le faut bien), on finit par y arriver - gros soulagement - et puis on zappe aussitôt. Comme si ce n’était pas une victoire, comme si ce n’était pas important, et que ça nous permettait juste d’avoir le champ libre pour enfin s’attaquer à ce qu’on voulait faire à la base.
Sauf que la maintenance, c’est un vrai taff en fait. Il faudrait peut-être arrêter de nier son importance et de minimiser l’énergie que ça demande. Et si on osait un parallèle avec les théories féministes et qu’on revendiquait que cette maintenance informatique, en fait, c’est du <em>care</em> ?</p>
</blockquote>
<h2 dir="auto">L’enfer de la maintenance informatique</h2>
<p dir="auto">Honnêtement, on en a déjà tous fait les frais : lorsqu’on arrête de mettre à jour, de réorganiser, de réparer, soit ça devient un bordel monstre, soit ça s’arrête purement et simplement de fonctionner.
Ça vaut aussi bien pour les ordis que pour les smartphones : perte de données, logiciels ou applis qui pédalent dans la semoule, fichiers corrompus, <em>crashs</em> répétés, etc.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/A8AAEC8A-8F28-F2EC-DA20-3736D35ACB76.jpg" alt=""></p>
<p dir="auto">En théorie, tout le monde s’accorde à dire que nos chers ordinateurs ont besoin d’être entretenus<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-second" rel="noopener noreferrer">1</a></sup>.</p>
<p dir="auto">En pratique, on sait bien que peu de gens le font (soit par manque de temps, soit par manque de savoir-faire), deux excuses vachement valables en soi mais qui amènent trop souvent à changer de machine (avec souvent la perte irréversible de quelques photos de vacances au passage). </p>
<p dir="auto">Nous ne sommes pas habitué·es à devoir faire cette maintenance, et la plupart du temps, les personnes qui ne sont pas très portées sur l’informatique se font pourrir la vie par des popups qui s’ouvrent de partout et des logiciels qui se lancent tout seuls au démarrage.
Il est tentant d’ignorer les messages d’erreur et de reléguer au second plan les alertes concernant la mise à jour de l’antivirus ou la saturation de l’espace de stockage. On a tendance à minimiser les problèmes lorsqu’ils se manifestent (“rhoooo ce n’est probablement pas si critique que ça”) plutôt que d’essayer de les régler au fur et à mesure. Alors ça s’accumule, et forcément à un moment… y’a de la casse.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/C70455E2-CE76-91AF-E259-AB4AE7ECD981.jpg" alt=""></p>
<p dir="auto">C’est une des raisons qui fait qu’un ordi tient cinq ans et quelques, avant de ramer sévèrement et de planter si souvent qu’on songe à en racheter un nouveau. </p>
<p dir="auto">Schéma d’autant plus classique que les entreprises qui commercialisent les systèmes d’exploitation grand public (comme Windows et Mac) pratiquent ce qu’on appelle de <em>l’obsolescence logicielle</em>. L’idée contre-productive derrière ce concept imaginé par des cerveaux <del>malades</del> capitalistes, c’est de rendre les mises à jour logicielles de plus en plus dysfonctionnelles sur du vieux matériel (ordis ou smartphone) : au fur et à mesure que les versions se succèdent, on écope de problèmes de compatibilité, erreurs de sauvegarde et autres joyeusetés. Windows, par exemple, rend bon nombre de ses mises à jour inutilement consommatrices de ressources<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-footnote_obso" rel="noopener noreferrer">2</a></sup>, ce qui occasionne des galères de calcul pour les vieilles machines et donc participe à les rendre moins performantes.
Désamorcer ce genre de pièges implique évidemment d’être renseigné sur leur existence, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi disposer d’un sacré savoir-faire en informatique, d’une motivation à toute épreuve et s’armer de patience (car on parle bien de passer des heures les yeux rivés sur un écran à lutter contre des ingénieur·es dont le taff à plein temps consiste à saboter nos appareils de l’intérieur). C’est un combat inégal, épuisant et peu gratifiant puisque qu’au bout du compte, si on se bat bien, on se retrouve juste avec un ordi… qui fonctionne pareil qu’avant. </p>
<p dir="auto">Bon, d’un autre côté c’est toujours ça de gagné. Et toutes ces petites victoires mises bout à bout (couplées aux sessions de cyberménage dont on parlait plus haut) repoussent tout de même efficacement l’échéance de renouvellement du matos informatique.
Le porte-monnaie s’y retrouve (avantage non négligeable), et ça permet surtout de limiter les désastreuses conséquences socio-environnementales du numérique (extractivisme des terres rares, exploitation des travailleurs et travailleuses dans les mines…)<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-footnote_ext" rel="noopener noreferrer">3</a></sup>.</p>
<p dir="auto">C’est donc autant dans l’idée de rendre service à leurs proches qu’à la planète que quelques bonnes âmes passent des soirées entières ou une partie de leurs weekend à faire de la maintenance informatique pour leurs potes, leur soeur, leur grand-père, leur asso, etc.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/397ACA8F-594F-C13B-BA24-32691762E631.png" alt=""></p>
<p dir="auto">Ce sont souvent les même personnes qui se dévouent, tout simplement parce que les compétences en informatique ne sont pas faciles à acquérir (et donc assez peu répandues au sein de la population). De par leur formation universitaire, certain·es sont plus doué·es que d’autres pour déloger et résoudre des <em>bugs</em>. Mais ce ne sont pas les seul·es à oeuvrer. Il y a aussi les autodidactes archarné·e·s qui passent des heures à traîner sur des forums d’explications geek et procèdent par essais-erreurs. Dans tous les cas, leurs connaissances ne sortent pas de nulle part. Il a fallu du temps pour les constituer. Il en faut encore pour les renouveler. Rien n’est jamais acquis. Trouver des solutions demande de la patience, et le développement d’un savoir-faire qui s’acquiert au prix de nombreuses heures à éplucher de la documentation et à expérimenter.
Ce n’est jamais simple, encore moins magique.</p>
<p dir="auto">Pourtant, on a beau dire, personne ne comprend très bien ce que ces gens bidouillent sur les écrans. Personne ne reste jamais à côté d’elleux à regarder ce qu’iels font. Personne ne se rend compte que c’est compliqué, que ça demande de l’énergie et que c’est siiiii loooong. </p>
<p dir="auto">Leur travail est invisibilisé. </p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/B1F0EE90-059E-3458-564B-5D0E19689FA3.png" alt=""></p>
<h2 dir="auto">Une analogie avec le <em>care</em></h2>
<p dir="auto">Hmmm hmm. Un travail essentiel qui se retrouve invisibilisé ? En tant que féministe et alliés féministes, ça nous rappelle quelque chose : la notion de <em>care</em> (et la charge mentale qui en résulte).</p>
<p dir="auto">Dans un post de <a href="https://emmaclit.com/" rel="noopener noreferrer">son blog</a> (que nombre d’entre vous ont sûrement déjà vu passer), la dessinatrice Emma Clit a illustré le concept de charge mentale au sein d’un foyer hétéronormé lambda par le biais d’un exemple anodin, et on s’est dit que ça pourrait - toute proportion gardée - être transposé à la charge qui résulte de la maintenance informatique.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/19178AD3-4FC0-EEB3-34EC-0650654CEB19.png" alt="">
<img src="https://blog.picasoft.net/static/media/5272A126-7260-EC1F-7ECC-7D17222AE486.png" alt="">
<img src="https://blog.picasoft.net/static/media/208509B4-B5C7-E137-1FAD-6996C4797727.png" alt="">
<img src="https://blog.picasoft.net/static/media/5C56E755-BB00-5A38-F5EA-1A007DB32D84.png" alt=""></p>
<p dir="auto">Nul doute qu’on pourrait dessiner le même genre de BD documentant la mise à jour d’un service pour le compte d’une asso, mettons… les <a href="https://pad.picasoft.net/" rel="noopener noreferrer">pads de Picasoft</a> (oui, parce que la maintenance n’est pas qu’une affaire individuelle : c’est aussi le lot de toutes les associations qui proposent des services numériques libres dont il faut activement prendre soin, sous peine de les voir cesser de fonctionner.) :</p>
<ul dir="auto">
<li>j’ai 20 minutes ce soir, je vais en profiter pour mettre à jour Picapad</li>
<li>[5 min plus tard] ah, la migration de la base de données n’a pas fonctionné comme prévu</li>
<li>[1h plus tard] ok c’était facile à régler, la base de données est à jour maintenant !</li>
<li>[10 min plus tard] oh non, pendant la mise à jour manuelle on a perdu tous les pads de cette dernière semaine, il va falloir les récupérer des backups</li>
<li>ah tiens, Machin a modifié la procédure de backup il y a 6 mois, c’est plus comme avant</li>
<li>[30 min plus tard] pfiou j’ai enfin compris la nouvelle procédure, mais il manque un truc que je vais rajouter, ça sera mieux pour la prochaine fois</li>
<li>[2h plus tard] bon je me suis un peu laissé embarquer mais les sauvegardes sont beaucoup plus robustes désormais</li>
<li>[20 min plus tard] voilà, les pads perdus sont restaurés, Picapad est à jour, et ça ne m’a pris que 4h ! aucun ajout, aucune nouvelle fonctionnalité, rien n’a changé, tout est absolument comme avant. la prochaine fois que j’aurai 20 minutes, je m’attaquerai à la mise à jour de <a href="https://team.picasoft.net/" rel="noopener noreferrer">Mattermost</a>, notre logiciel de discussion</li>
</ul>
<blockquote dir="auto">
<p>Juste avant la publication de ce billet, justement, une opération <em>réelle</em> de maintenance qui devait durer maximum trois heures a duré… toute une journée, et mobilisé trois bénévoles. On peut suivre cette histoire <a href="https://mamot.fr/@picasoft/110221104593660899" rel="noopener noreferrer">par ici</a>.</p>
</blockquote>
<p dir="auto">Évidemment, l’idée ce n’est pas de dire que ce qu’on pourrait appeler la « charge mentale numérique » (majoritairement supportée par des hommes blancs si l’on en croit notre entourage) est aussi épuisante au quotidien que la charge mentale tout court (quasi exclusivement assumée par des femmes, racisées ou non). Ce serait plutôt un sous-ensemble de cette charge mentale si on veut essayer de catégoriser les choses. </p>
<p dir="auto">En fait, ce qu’on veut essayer de dire par analogie, c’est que si l’activité de maintenance est aussi peu valorisée, c’est peut-être parce que le <em>care</em> en général ne l’est pas assez. On gagnerait toustes à encourager sa revalorisation : à remercier quand on en bénéficie, et sinon, quand on est celui ou celle qui s’est arraché·e les cheveux sur un bug pendant des heures, à faire remarquer qu’on est content·e d’avoir pu aider mais que ce n’était pas « magique ». Changeons de discours et arrêtons de nous dire qu’on perd notre temps quand on aide mamie à installer Linux (oui c’est possible) ou bien, dans une perspective plus réaliste, ok, quand on l’aide à se connecter à Skype ou à récupérer le mot de passe de sa boîte mail. </p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/7DB7DBA3-3E84-60C9-3449-FD6DAA363D8B.png" alt=""></p>
<h2 dir="auto">Le <em>care</em> comme horizon désirable</h2>
<p dir="auto">Mine de rien, en faisant ça, on prend soin de gens, on prend soin des objets techniques et on prend soin de la planète (c’est autant de composants électroniques qui ne finiront pas à la benne et qui donc ne viendront pas alourdir le bilan écologique et social de l’exploitation des terres rares). </p>
<p dir="auto">Se préocupper de continuer à faire marcher l’existant et le revendiquer, plutôt que d’innover à tout prix, c’est s’employer à ce que les infrastructures existantes durent le plus longtemps possible. C’est aussi faire en sorte que ces infrastructures et les logiciels qu’elles supportent soient conçus pour <em>tout le monde</em>, pas juste pour la plupart des habitants des pays occidentaux. Si on se laissait aller à imaginer des perspectives futures souhaitables qui tendraient vers une informatique écologique et inclusive, ça donnerait des trucs vraiment chouettes. On pourrait par exemple se dire qu’on se concentre sur l’intégration systématique de sous-titres de qualité dans les vidéos, pour que leurs contenus deviennent accessibles aux personnes sourdes et mal-entendantes plutôt que d’encourager l’augmentation exponentielle du débit requis et la course à la résolution (4K ? 8K ?! 16K ?!).</p>
<p dir="auto">C’est une question d’état d’esprit. Être dans une logique de <em>care</em>, une logique de soin, c’est devenir attentif à la fragilité. Celle des objets, du monde vivant, des gens, des relations<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-third" rel="noopener noreferrer">4</a></sup>.</p>
<p dir="auto">C’est peut-être aussi devenir plus conscient·e des ponts qui existent entre informatique, féminisme, écologie, lutte des classes, lutte LGBTQIA+, dénonciation du validisme, du racisme, de la psychophobie et de tous les systèmes d’oppression qu’on n’a pas cités. </p>
<p dir="auto">De manière très concrète, de plus en plus d’initiatives s’intéressent par exemple à la question de la cybersécurité des militant·es. Des sites comme <a href="https://wiquaya.org" rel="noopener noreferrer">Wiquaya</a> ou <a href="https://hackblossom.org/cybersecurity/" rel="noopener noreferrer">DIY Feminist Cybersecurity</a> proposent une approche intersectionnelle et des tutos sécu qui ciblent spécifiquement les problématiques induites par le fait d’avoir une activité militante en ligne.</p>
<p dir="auto">Plus généralement, s’attacher à nos machines, vouloir les garder en état de fonctionnement, implique d’être attentif·ve à leurs états de défaillance. Et c’est peut-être, par extension, un moyen d’apprendre à être plus sensibles aux états d’âmes de gens qui nous entourent. (Dans la même logique les militants anti-specistes expliquent que respecter tous les êtres vivants décale le regard et amène à accorder plus de valeur aux existences humaines.)
Développer un lien privilégié aux objets, sur le mode du <em>care</em> permettrait de s’entrainer à prendre soin “en général”. Par transfert de compétence, cela pourrait donc bénéficier à nos relations humaines.</p>
<p dir="auto">Si on essaie de considérer l’informatique comme un terrain de lutte parmi d’autres et qu’on s’emploie à établir le dialogue entre ces différentes luttes, alors la maintenance informatique prend une autre dimension. Quand on y mêle du politique et de l’affect, ces opérations ingrates se teintent d’une autre coloration : elles deviennent une manière de participer à l’entretien et à l’amélioration du monde, à rebours des imaginaires productivistes discriminatoires. </p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/E1453FD5-A5E0-1F7E-F538-DCA3C948E7CD.jpg" alt=""></p>
<p dir="auto">Faire de la maintenance, c’est aussi rêver d’un monde plus sobre. Décroissance, nous voilà. Bon, on ne va pas se mentir, l’informatique et la décroissance sont deux sujets pas mal antinomiques et ça fera peut-être l’objet d’un prochain post quand on aura nous-mêmes les idées plus claires sur le sujet. En attendant, on se dit (et on vous partage la réflexion tant qu’on y est) que la maintenance peut constituer un levier de décroissance si on décide d’en faire une pratique militante : en (re)réfléchissant aux usages, en sélectionnant l’essentiel, en pensant à l’inclusivité, en cherchant des outils sobres, faciles à maintenir<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-fourth" rel="noopener noreferrer">5</a></sup> et du matériel moins obsolescent</p>
<hr>
<p dir="auto">Réflexions partagées par Spinelli, Snakd et Chosto</p>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-second"><sup class="footnote-definition-label">1</sup>
<p dir="auto">Tout comme les smartphones d’ailleurs. Mais faire la maintenance de ces bestioles là, c’est encore plus compliqué parce qu’il y a peu de système d’exploitation libre avec lesquels les faire tourner, et une grande opacité du matériel, et donc pas de réelle possibilité de mettre les mains dedans.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-footnote_obso"><sup class="footnote-definition-label">2</sup>
<p dir="auto">Voir par exemple <a href="https://actionnumeriquesolidaire.org/article/informatique-et-obsolescence-programme" rel="noopener noreferrer">cet article</a>.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-footnote_ext"><sup class="footnote-definition-label">3</sup>
<p dir="auto">Voir par exemple ce <a href="https://www.systext.org/node/1920" rel="noopener noreferrer">rapport de synthèse</a> sur les conséquences de l’extractivisme.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-third"><sup class="footnote-definition-label">4</sup>
<p dir="auto">Un <a href="https://journals.openedition.org/sociologies/13936" rel="noopener noreferrer">article</a> de J. Denis et D. Pontille développe ces idées.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-fourth"><sup class="footnote-definition-label">5</sup>
<p dir="auto">Pour aider un pote pas tellement doué en informatique à se débarrasser de son Windaube et à apprivoiser Linux sans risquer l’enfer du support technique quasi-quotidien, une bonne piste consiste à prôner des logiciels stables, qui évoluent peu, et ne suivent pas la course à toujours plus de fonctionnalités. <em>Less is more</em>. Par exemple, Debian, contrairement à Manjaro, est un système d’exploitation qui nécessite peu de maintenance car les sorties de mises à jour sont moins fréquentes. Les évolutions aussi, mais a-t-on vraiment besoin de nouvelles fonctionnalités sur notre lecteur vidéo, de musique, notre traitement de texte ou notre navigateur Internet ? Ces logiciels sont déjà très complets. Seuls les correctifs de sécurité sont réellement vitaux.</p>
</div>
]]><![CDATA[ChatGPT, le chat qui parlait à l'oreille des humains]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/ChatGPT/2023-04-18T17:25:17.220775+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2023-04-18T17:25:17.220775+00:00<![CDATA[<blockquote dir="auto">
<p>Picasoft tient désormais une rubrique dans <a href="https://assos.utc.fr/lefil/accueil" rel="noopener noreferrer">le Fil</a>, le journal étudiant de l’UTC. Toutes les deux semaines, on a 600 mots pour parler de ce qui nous tient à coeur. C’est court, mais c’est un bon exercice. On retranscrit les articles sur notre blog, et cette semaine, on parle ChatGPT.</p>
</blockquote>
<p dir="auto"><em>Image d’illustration “Grumpy Cat” par RyanAlldread, CC BY 2.0.</em></p>
<hr>
<p dir="auto">Difficile de passer à côté de ChatGPT. Les profs s’inquiètent. Les étudiant·es à la bourre gagnent du temps en lui faisant écrire des intros de rapports que personne ne lit. Que l’on soit enthousiaste ou effrayé, difficile de ne pas être <em>fasciné</em> par une entité qui semble avoir réponse à tout.</p>
<p dir="auto">ChatGPT est incontestablement impressionnant. Comment une IA peut-elle <em>si bien</em> s’exprimer, <em>si bien</em> comprendre les subtilités d’une question, <em>si bien</em> inventer des dialogues ?</p>
<p dir="auto">Pour revenir sur terre, il faut revenir au fonctionnement de ce type d’IA. ChatGPT est un LLM, ou Large Language Model, c’est-à-dire une IA dont le principe consiste à ingérer la plus grande quantité de texte possible pour s’entraîner à <strong>prédire une suite crédible à un texte donné</strong>. ChatGPT s’est entraîné sur des <strong>centaines de milliards</strong> de textes écrits par des humains. Quand vous entrez un texte, il génère une suite qui <strong>aurait pu exister</strong>. </p>
<p dir="auto">ChatGPT est donc, en substance, un remarquable prestidigitateur entraîné sur la quasi-totalité de la connaissance humaine. C’est crucial : ChatGPT ne <em>répond</em> pas, ne <em>réfléchit</em> pas, ne <em>comprend</em> pas : il <strong>prédit</strong> en imitant ce avec quoi il a été entraîné. On est estomaqué du résultat, et voilà l’illusion fondamentale : faire passer une prédiction très mécanique, basée sur une quantité de textes humains invraisemblable, pour de l’intelligence.</p>
<p dir="auto">Or, ChatGPT est intrinsèquement un <em>bullshiteur</em><sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-1" rel="noopener noreferrer">1</a></sup>. C’est une conséquence de sa structure même. Il n’est <strong>pas fait</strong> pour répondre correctement à une question. Il est fait pour <strong>donner l’impression</strong> qu’il répond correctement. Si vous vous dites que sa réponse aurait pu figurer dans un vrai article de presse, ou dans une dissertation, bingo : son but est atteint. Mais la vérité n’est pas dans ses prérogatives initiales. Ce qu’il répond est massivement influencé par ses données d’entraînement, impossible à contrôler tant leur volume est colossal. Vous avez déjà trainé sur Internet ? Alors vous avez un aperçu de ce avec quoi il a été entraîné. C’est un peu comme quand vous bullshitez dans un rapport : vous espérez que ça sonne malin et que ça passera.</p>
<p dir="auto">Et ses concepteur·ices le savent bien : ils l’ont massivement censuré. Exemple : demandez-lui de vous dire pourquoi le réchauffement climatique n’existe pas, et il vous contredira. Ce n’est pas son comportement naturel, c’est un pansement bancal : des humain·es ont été payé·es pour ajuster le modèle initial, identifier les réponses problématiques et les censurer. On a donc moins de chance de voir des horreurs. Corollaire : la sécurité de ChatGPT repose sur le travail opaque de travailleur·ses du clic précaires<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-2" rel="noopener noreferrer">2</a></sup>. Imaginez les conséquences d’une erreur dans l’ajustement du modèle, si une grande partie de l’humanité se met à lui faire confiance…</p>
<p dir="auto">Alors, certain·es se rassurent : « je garde le contrôle, je vérifie ce qu’il dit, j’en fais bon usage, j’arrête quand je veux ». C’est le mythe indétronable qui auréole l’automatisation de manière générale. Pourtant, la recherche a successivement montré qu’automatiser :</p>
<ul dir="auto">
<li>Empêche de fixer de la connaissance<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-3" rel="noopener noreferrer">3</a></sup> ;</li>
<li>Détruit les savoir-faire précédemment acquis<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-4" rel="noopener noreferrer">4</a></sup>: capacité à s’adapter, performance, compréhension, avec paradoxalement l’impression d’être plus efficace ;</li>
<li>Produit un excès de confiance dans le système, proportionnel à son perfectionnement<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-5" rel="noopener noreferrer">5</a></sup> ;</li>
<li>Pousse à ignorer les solutions que le système n’est pas capable de produire, réduisant l’espace des possibles<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-6" rel="noopener noreferrer">6</a></sup>.</li>
</ul>
<p dir="auto">Et c’est là l’éléphant dans la pièce : ChatGPT est pour l’heure fourni par une entreprise privée (OpenAI) qui entraîne gratuitement son modèle sur des humains (vous). Que ferons-nous quand OpenAI coupera les accès ? On aura l’air bien con. Alors regardons ChatGPT pour ce qu’il est : un briseur de cerveaux, comme les luddites ont vu dans les machines des tueuses de bras en leur temps. Et gardons notre autonomie.</p>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-1"><sup class="footnote-definition-label">1</sup>
<p dir="auto">« De quoi ChatGPT est-il VRAIMENT capable ? », Monsieur Phi, YouTube.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-2"><sup class="footnote-definition-label">2</sup>
<p dir="auto">« OpenAI Used Kenyan Workers on Less Than $2 Per Hour to Make ChatGPT Less Toxic », B. Perrido, Time.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-3"><sup class="footnote-definition-label">3</sup>
<p dir="auto">« The effect of a Computerized Decision Aid on the Development on Knowledge », R. G. Brody et al.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-4"><sup class="footnote-definition-label">4</sup>
<p dir="auto">« The Paradox of the Guided User: Assistance Can Be Counter-Effective », C. van Nimwegen.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-5"><sup class="footnote-definition-label">5</sup>
<p dir="auto">« Complacency and Bias in Human Use of Automation », R. Parasuraman et al.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-6"><sup class="footnote-definition-label">6</sup>
<p dir="auto">« The Hidden Biases in Big Data », K. Crawford.</p>
</div>
]]><![CDATA[En finir avec le capitalisme de surveillance ?]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/En%20finir%20avec%20le%20capitalisme%20de%20surveillance%20%3F/2023-01-22T15:57:43.753514+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2023-01-22T15:57:43.753514+00:00<![CDATA[<blockquote dir="auto">
<p>Picasoft tient désormais une rubrique dans <a href="https://assos.utc.fr/lefil/accueil" rel="noopener noreferrer">le Fil</a>, le journal étudiant de l’UTC. Toutes les deux semaines, on a 600 mots pour parler de ce qui nous tient à coeur. C’est court, mais c’est un bon exercice. On retranscrit les articles sur notre blog, et cette semaine, on parle capitalisme de surveillance.</p>
</blockquote>
<p dir="auto"><em>Image d’illustration CC BY-SA 4.0 La Quadrature Du Net</em></p>
<hr>
<p dir="auto">Les services numériques, l’intelligence artificielle et l’automatisation se déploient partout et à grande échelle, accompagnés de leurs armées de capteurs : chez nous, dans nos facs, dans nos rues, dans les services publics et dans l’espace.</p>
<p dir="auto">Une prochaine fois, on se demandera si c’est Bien™ ou Mal™. Mais en guise d’apéritif, essayons d’abord de comprendre <em>pourquoi</em> le numérique rencontre si peu d’obstacles à son déploiement : le concept de <strong>capitalisme de surveillance</strong> nous offre une clé importante. Pour le comprendre, partons d’une lecture marxiste du capitalisme : l’ouvrier vend sa force de travail au propriétaire des moyens de production. Ce dernier en tire une plus-value, source de profit et de richesse pour la classe capitaliste.</p>
<p dir="auto">La chercheuse Shoshana Zuboff<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-1" rel="noopener noreferrer">1</a></sup> reprend cette lecture pour définir le capitalisme de surveillance, en prenant pour exemple les GAFAM. Lorsque j’utilise un produit Google, je suis comme l’ouvrier : je produis de la <strong>valeur</strong> à travers les données que je génère. En échange, j’ai accès à un service. Mes données sont injectées dans des algorithmes prédictifs jalousement gardés par Google : c’est la plus-value. De ces algorithmes ressortent des informations que je n’ai jamais dévoilées directement – mon humeur, mon état de santé, mes angoisses, mes fantasmes, mes convictions politiques… Elles sont revendues aux vrais clients : banques, assurances, partis politiques, publicitaires ; vous avez l’idée.</p>
<p dir="auto">Pourtant, le capitalisme de surveillance s’étend bien au-delà de la sphère des GAFAM. Il n’y a qu’à regarder le déploiement effréné des technologies de surveillance dans l’espace public : drones, caméras « intelligentes », micros censés détecter les bruits suspects… Pourtant, à plusieurs reprises, la Cour des comptes<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-2" rel="noopener noreferrer">2</a></sup> a pointé du doigt le manque effarant de preuves concernant l’efficacité des dispositifs de surveillance, malgré un coût astronomique pour l’État et les communes. Dès lors, comment expliquer d’une part l’inaction de l’État face au pillage organisé des données personnelles par les GAFAM, et d’autre part son investissement massif dans les technologies de la surveillance<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-3" rel="noopener noreferrer">3</a></sup> ?</p>
<p dir="auto">Il suffit de redéfinir le capitalisme de surveillance comme l’alliance entre les géants du numérique, les industriels de la surveillance et les États pour que tout s’éclaire. D’un côté, les masses gigantesques de données digérées par les géants du numérique intéressent les services de renseignement - c’est leur garde-manger. De l’autre, l’industrie de la surveillance<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-4" rel="noopener noreferrer">4</a></sup> connaît une forte croissance, ce qui ouvre l’apétit de bon nombre d’États. Et peu importe l’efficacité de cette surveillance. Christophe Masutti, docteur en histoire, rappelle que « l’économie de la surveillance n’a pas d’idéologie. Elle vise simplement la maximisation des profits dans la logique du système capitaliste »<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-5" rel="noopener noreferrer">5</a></sup>.</p>
<p dir="auto">Il faut donc se retenir d’y voir un genre de Big Brother tentaculaire visant au seul contrôle social. Plus prosaïquement, comme Martin et Norman le signalaient déjà en 1970<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-6" rel="noopener noreferrer">6</a></sup>, « plus une société et sa technologie sont complexes, plus grand devient le besoin d’information ». On cherche alors à capter un maximum de données pour mieux comprendre les dynamiques systémiques. On pense que leur multiplication est un gage d’optimisation des choix économiques. On ne laisse alors aucune place à d’autres imaginaires politiques : le monde est réduit à ce qu’il est à un instant <em>t</em>, à ses dimensions quantifiables.</p>
<p dir="auto">Si l’on veut en finir avec le capitalisme de surveillance, il n’y a pas beaucoup de choix : il faut penser plus petit et moins complexe ; concevoir des archipels<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-7" rel="noopener noreferrer">7</a></sup> plutôt que des mégalopoles. C’est en ce sens que la mouvance low-tech est une réponse <em>radicale</em> : elle prend le problème à la racine. Et la racine, c’est l’échelle.</p>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-1"><sup class="footnote-definition-label">1</sup>
<p dir="auto">Shoshana Zuboff. 2018. The Age of Surveillance Capitalism: The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-2"><sup class="footnote-definition-label">2</sup>
<p dir="auto">Référé S2021-2194 du 02 décembre 2021, à l’attention de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-3"><sup class="footnote-definition-label">3</sup>
<p dir="auto">Par exemple via le CoFIS, ou Comité de la Filière industrielle de sécurité, un partenariat public/privé impliquant de nombreux acteurs de la surveillance et 11 ministères.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-4"><sup class="footnote-definition-label">4</sup>
<p dir="auto">Dont SOPRA, Thalès, Safran, Airbus… voir technopolice.fr.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-5"><sup class="footnote-definition-label">5</sup>
<p dir="auto">Christophe Masutti. 2020. Affaires privées: aux sources du capitalisme de surveillance (C&F Éditions), p. 122.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-6"><sup class="footnote-definition-label">6</sup>
<p dir="auto">James T. Martin et Adrian R. D. Norman. 1970. The Computerized Society.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-7"><sup class="footnote-definition-label">7</sup>
<p dir="auto">Voir le concept d’archipellisation développé par Édouard Glissant, philosophe martiniquais, Nobel de littérature.</p>
</div>
]]><![CDATA[Menstruer en société - De l'intime au politique]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/Menstruer%20en%20société%20-%20De%20l'intime%20au%20politique/2022-11-22T20:54:46.392702+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2022-11-22T20:54:46.392702+00:00<![CDATA[<hr>
<p dir="auto">Quelques mots sur l’autrice :
C’est moi qui ai proposé le visuel dont le billet parle. Je voulais le défendre et expliciter ma démarche. Je parle d’un point de vue de femme cis et blanche. Cette position me donne très certainement des points aveugles. Si vous voulez proposer un (contre-)point à ajouter à l’article, n’hésitez pas à envoyer un mail</p>
<hr>
<p dir="auto">Picasoft organise un atelier d’autodéfense numérique. Pendant la semaine avant l’ouverture des inscriptions, nous avons publié sur nos différents réseaux sociaux des visuels qui pointent certaines manières dont nos données les plus sensibles sont siphonnées par les géants du web.</p>
<p dir="auto">Le premier parlait de militance. Sur fond orange Technopolice, on pouvait y lire des questions posées à un assistant personnel à plusieurs jours d’intervalle :</p>
<ul dir="auto">
<li>Ok Google, quelles sont les assos de désobéissance civile à Compiègne ?</li>
<li>Ok Google, comment organiser un blocage ?</li>
<li>Ok Google, que faire en cas de perquisition ?</li>
</ul>
<p dir="auto">Le deuxième avait comme thèmes les relations amoureuses et la santé mentale. Mark Zuckerberg, affublé d’un micro-casque, nous prodiguait quelques conseils :</p>
<ul dir="auto">
<li>À ta place, j’irais pas à cette soirée, il y aura ton ex.</li>
<li>T’en as parlé à ta psy d’ailleurs ?</li>
<li>T’as vraiment l’air déprimé ces temps-ci…</li>
</ul>
<p dir="auto">Le dernier mentionnait une protection menstruelle et une crainte de grossesse. Un Google Home faisait les rappels suivants :</p>
<ul dir="auto">
<li>Pense bien à stériliser ta cup avant de partir en week-end.</li>
<li>D’ailleurs, tes règles sont en retard.</li>
<li>Tu veux que j’appelle ton gynéco ?</li>
</ul>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/33B7171D-BFC2-A3E0-8D60-98836D59A037.png" alt="Ok Google, que faire en cas de perquisition ?"></p>
<p dir="auto">Ces trois publications mettent les deux pieds dans le plat de l’intime, du politique, et du lien entre les deux. Elles montrent des situations où des données potentiellement compromettantes sont révélées. Personne ne veut se montrer après une rupture, dans un moment de vulnérabilité. Personne ne veut se faire réveiller à 6h par la police suite à une action<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-1" rel="noopener noreferrer">1</a></sup>. Et personne ne veut se faire afficher en train d’avoir ses règles.</p>
<p dir="auto">Ah bon, personne ?</p>
<p dir="auto">Le tabou autour des règles est toujours bien présent dans l’espace public, et ce tabou a notamment pour conséquence de créer de la honte chez les personnes concernées. Dès lors, elles auront plus de difficultés à partager leur vécu. Or, sans connaissance de leurs problématiques, comment pourrions-nous en tant que société y proposer des solutions ? Comment établir des critères diagnostiques de l’endométriose si personne ne parle de ses douleurs ? Comment obtenir des protections en libre accès partout si personne ne parle des taches de sang sur les pantalons ? Comment inscrire dans le droit du travail des congés pour fausse couche si personne ne parle de ce que cette expérience a d’éprouvant, à la fois sur le plan physique et émotionnel ?</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/845091D8-3A14-5FF1-0EFE-0ED8B0B07437.png" alt="À ta place, j’irai pas à cette soirée, il y aura ton ex"></p>
<p dir="auto">En fait, je pense vraiment que ce tabou ne fait que du mal. Alors que je comprends en quoi le tabou sur les excréments a pu être utile dans une société où il était difficile de se laver les mains souvent, je ne vois pas d’autre origine que la misogynie<sup class="footnote-reference"><a href="#postcontent-2" rel="noopener noreferrer">2</a></sup> au tabou sur les règles. Alors que le tabou sur la torture continue de nous protéger de certaines expositions à la violence, le tabou sur la grossesse ne fait que renforcer l’injonction à se conformer à un référentiel prétendument neutre, mais en fait cis-masculin. Il participe à la marginalisation des femmes. Il participe à l’invisibilisation des hommes trans et de toutes les autres personnes qui ne s’inscrivent pas dans la binarité de genre ou de sexe.</p>
<p dir="auto">Un des objectifs de ce visuel était donc de participer à briser le tabou, en traitant les règles comme un sujet parmi d’autres. Il peut être mobilisé pour faire la promotion d’un événement. Il n’a pas à rester enfermé dans les plannings familiaux, les cercles de parole en mixité choisie et les soirées pyjama.</p>
<p dir="auto">De plus, dans une période de recul des droits reproductifs partout dans le monde, il est important de visibiliser les thématiques de santé sexuelle. Parlons-en partout, tout le temps, avant que la fenêtre d’Overton ne dérape encore plus à droite.</p>
<p dir="auto">Enfin, les personnes qui utilisent des applications de suivi de cycle ont tout intérêt à être formées à la protection de leurs données : on peut facilement les croiser avec d’autres bases de données pour déterminer qui a avorté récemment. Les données de localisation par exemple, permettent de savoir si quelqu’un a visité un planning familial. Au Texas, où l’IVG a récemment été criminalisé, et dans tant d’autres États, cela représente un réel danger. Plusieurs associations féministes conseillent de désinstaller toute application de suivi de règles.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/52B0AA83-E4C1-46BE-4B0A-56339FFB7AC3.png" alt="Un tweet incitant à la suppression des applications de suivi menstruel"></p>
<p dir="auto">Il me tient à cœur que Picasoft se solidarise avec toutes les luttes émancipatrices. Sans parler à la place de personne. Mais en permettant à nos membres d’élargir notre discours par leur expérience incarnée et leurs autres militantismes. Autorisons-nous des gestes d’amitié. Ils ne sont pas hors-sujet.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/8A2FF610-2C9E-E8AD-9992-FF4DD8D24D00.png" alt="Tes règles sont en retard, tu veux que j’appelles ton gynéco ?"></p>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-1"><sup class="footnote-definition-label">1</sup>
<p dir="auto">Passer devant la justice peut être un choix stratégique. Pour autant, l’expérience est rarement agréable.</p>
</div>
<div dir="auto" class="footnote-definition" id="postcontent-2"><sup class="footnote-definition-label">2</sup>
<p dir="auto">Il n’y a pas que des femmes qui ont leurs règles, et toutes les femmes ne sont pas menstruées. Mais le cis-tème continue d’invisibiliser les personnes trans, non-binaires et intersexes.</p>
</div>
]]><![CDATA[Caribou : le petit dernier de Picasoft]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/caribou-le-petit-dernier-de-picasoft/2021-11-29T23:29:12.208135+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2021-11-29T23:29:12.208135+00:00<![CDATA[<h1 dir="auto">Caribou : Le petit dernier de Picasoft</h1>
<p dir="auto"><em>Par Antoine et Quentin, avec les photos d’Audrey.</em></p>
<p dir="auto">Ça faisait longtemps qu’on avait pas écrit un article de blog. Pour être honnêtes, le seul était un <a href="https://blog.picasoft.net/%7E/Picablog/communiqu%C3%A9-changement-de-charte-graphique" rel="noopener noreferrer">article de premier avril</a>. </p>
<p dir="auto">Il est grand temps d’y remédier, et quoi de mieux qu’une chouette annonce pour repartir ?</p>
<p dir="auto">On a installé une nouvelle machine à Compiègne, et on vous explique le pourquoi du comment en exclusivité, gratuitement et garanti sans metaverse.</p>
<p dir="auto">Le nom de cette machine : Dell EMC PowerEdge R340, mais on préfère l’appeler Caribou ! La voici : </p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/7256C9DA-C859-6613-0F13-0A9627B07E59.jpg" alt="Caribou"></p>
<p dir="auto">Tout commence en début d’après-midi, dans une salle remplie de serveurs. L’équipe technique de choc (Antoine, Audrey, Aurélien, Quentin et Rémy) brave le bruit et la chaleur pour poser la nouvelle machine. Mais d’abord…</p>
<h2 dir="auto">Pourquoi une nouvelle machine ?</h2>
<p dir="auto">Nos deux machines historiques, Alice et Bob, sont hébergées par le FAI associatif Tetaneutral à Toulouse. Or la plupart de nos utilisateurs sont à Compiègne, et les serveurs de Toulouse commencent à être sacrément remplis.</p>
<p dir="auto">L’idée est donc :</p>
<ul dir="auto">
<li>De rapatrier une partie des services à Compiègne pour soulager Alice et Bob</li>
<li>D’échanger les sauvegardes entre Toulouse et Compiègne (et éviter ainsi une <a href="//blog.picasoft.net/tag/OVH" title="OVH" rel="noopener noreferrer">#OVH</a> :c)</li>
<li>Héberger de nouveaux services à Compiègne !</li>
</ul>
<p dir="auto">L’occasion de former la relève de l’équipe technique en partant de zéro, de l’installation de la machine à l’ouverture d’un nouveau service!</p>
<p dir="auto">Mais on pourrait se demander : pourquoi Toulouse en premier lieu ? Et bien parce que lors du lancement de Picasoft, nous n’avions pas les moyens de nous payer des serveurs « rackables ». Nous avions donc acheté des tours classiques, comme celles que vous avez peut-être chez vous, et peu d’hébergeurs acceptent ce genre d’instalations. </p>
<h2 dir="auto">C’est quoi un « serveur rackable » ?</h2>
<p dir="auto">Alice et Bob, les deux autres serveurs de Picasoft, sont des PC tout ce qu’il y a de plus normal : un boitier, un processeur, de la mémoire… Voici à quoi ressemble Alice.
<img src="https://blog.picasoft.net/static/media/291027A4-5C84-7D99-5E09-08A09A07E2C3.png" alt="Alice"></p>
<p dir="auto">Mais alors c’est quoi un serveur rackable et pourquoi s’embêter avec quelque chose d’aussi spécifique si des PC normaux fonctionnent ? Pour répondre à cette question, il faut se demander : où sont hébergés les serveurs ? Pas chez nous, c’est sûr, sinon on aurait un peu peur de renverser du café dessus et de se faire réveiller par le bruit des ventilateurs.</p>
<p dir="auto">Les serveurs sont donc hébergés dans des salles spécialisées, comme celles que l’on trouve dans les datacenters. Et dans ces salles, on ne stocke pas des tours de tailles différentes. Ça serait super compliqué de gérer la ventilation, l’espace… Alors comment on fait ?</p>
<p dir="auto">Et bien on utilise des armoires de taille standardisée dans lesquelles on vient enfiler, ou « racker », des serveurs qui ressemblent à de grosses boîtes à pizza.
La forme plate et allongée d’un serveur rackable permet de les empiler les uns au dessus des autres. Voici l’armoire où notre serveur s’apprête à être racké :</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/87B3647A-7566-D5AE-CF40-E4A5EE0131F2.jpg" alt="Baie avant Caribou"></p>
<p dir="auto">C’est l’armoire de nos ami·es de <a href="https://rhizome-fai.net/" rel="noopener noreferrer">Rhizome</a>, un FAI associatif compiégnois, dans lequel Caribou passera le plus clair de sa vie. Cette armoire est elle-même stockée dans la salle serveur de la DSI de l’UTC, l’école où sont nées Rhizome et Picasoft.</p>
<p dir="auto">Cette standardisation permet plein d’avantages. Déjà, ça permet d’être super efficace en espace, contrairement à des PC de bureau aux formes irrégulières et pleines de vide. Ça facilite la ventilation, comme tous les serveurs prennent de l’air frais devant et sortent de l’air chaud à l’arrière. Illustration d’un possible système de refroidissement :</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/302F1C6F-7826-07BE-C1B4-9C5F045C465B.jpg" alt="Exemple de ventilation d’un datacenter"></p>
<p dir="auto">Et puis ça permet d’accéder à plein de chose en facade : les disques durs, les (oui <strong>les</strong>) alimentations et tout le reste de la connectique. Enfin, d’avoir une vue d’ensemble de l’armoire rapidement, et de pouvoir intervenir sur toutes les pièces amovibles du serveur sans avoir à l’arrêter et le démonter. D’ailleurs, les disques durs et alimentations sont montés sur des glissières tenues par des clips. Eh oui, il n’y a pas la moindre vis à retirer pour les échanger !</p>
<p dir="auto">Sur l’image qui suit, on peut voir qu’une des alimentations (à gauche) et un des disques (à droite) se changent facilement. On pourrait même changer une alimentation défectueuse alors que la machine est allumée (en bas, les clips oranges).</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/BBDAA292-14F5-CBE3-733D-B794D02CC370.jpg" alt="Composants changeables à chaud"></p>
<p dir="auto">Finalement, le serveur lui même est monté sur une glissière, qui permet de le sortir de l’armoire sans le démonter (pour en inspecter l’intérieur par exemple).</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/11641278-82B8-3783-EA3A-B17ACEF82E80.jpg" alt="Glissières pour monter le serveur"></p>
<h2 dir="auto">Et concrètement, il y a quoi dedans ?</h2>
<p dir="auto">Il a beau ressembler à un carton de pizza, ce serveur contient les composants classiques d’un PC :</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/1BDD5519-63A9-6356-4C4C-6A40EE9BAF2D.png" alt="L’intérieur de Caribou"></p>
<p dir="auto">La configuration se base sur un Dell Power Edge R340. Le processeur est un Intel Xeon E-2276G, un 6 coeurs / 12 threads cadencé à 3.8GHz. La mémoire vive est faite de deux barettes de 16GB chacune. Deux SSD de 1To et deux disques durs classiques de 1To sont ajoutés. Pour les curieux·ses, <a href="https://wiki.picasoft.net/doku.php?id=technique:infrastructure:config#caribou" rel="noopener noreferrer">la configuration complète est par ici</a>.</p>
<p dir="auto">Les SSD sont des supports de stockage rapides, que l’on utilisera pour faire tourner le système d’exploitation et les services, tandis qu’on réservera les disques durs aux sauvegardes, aux médias lourds, etc.</p>
<p dir="auto">Notons aussi qu’à l’intérieur, une prise USB un peu cachée permet de laisser une clé dedans, sur laquelle on laissera un système d’exploitation de secours en cas de panne du système principal.</p>
<p dir="auto">Le serveur est aussi équipé d’un contrôleur RAID matériel. Pour faire simple, quand on « met deux disques en RAID 1 », on prend deux disques de taille identique, et tout ce qui est écrit sur l’un est immédiatement écrit sur l’autre. Ces deux disques sont donc des <strong>miroirs</strong>. En cas de panne, on ne perd pas les données, et ça c’est plutôt chouette. Un contrôleur RAID matériel permet de gérer ça directement au niveau… du matériel. Le système d’exploitation n’y verra que du feu, et pensera qu’il n’y a qu’un seul disque. </p>
<h2 dir="auto">Et ben c’est parti, on branche tout ça !</h2>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/ABAD5906-4766-A154-15E1-3C4930BE812D.jpg" alt="Prises sur Caribou"></p>
<p dir="auto">On note la présence d’un port réseau spécial marqué <code>iDRAC</code>. C’est le système propriétaire de Dell pour administrer la machine à distance, totalement décorrélé du reste du système. L’idée est que si une mise à jour du système principal foire et qu’on a pas accès à la salle serveur, on peut prendre le contrôle à distance de la machine et essayer de réparer les problèmes, peu importe son état. On peut notamment démarrer sur la fameuse clé USB qui est restée dans la machine… Mais pour le moment, on a décidé de ne pas utiliser <code>iDRAC</code>, puisque la machine n’est pas loin et que c’est s’exposer à des problèmes de sécurité potentiels. Donner un accès complet à la machine, à distance, via du code propriétaire… mouais.</p>
<p dir="auto">Pour le reste, il n’y a pas grand chose à brancher : l’alimentation et le réseau. C’est la prise marquée <code>Gb1</code>, pour <code>Gigabit</code>, qui accueillera le câble qui nous relie au réseau de Rhizome. Le câble réseau arrivera à un <em>switch</em>, qui relie toutes les machines de l’armoire. C’est ce switch qui est connecté au réseau de Rhizome pour de vrai, et qui nous permet de sortir sur internet. Il est dans la même armoire, juste en haut !</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/23752F4F-10BC-F729-9CAE-7D5F53BF6E02.jpg" alt="Switch Rhizome"></p>
<p dir="auto">Enfin, on remarque la présence d’une prise VGA. Parce qu’il va bien falloir l’installer, et c’est plus pratique avec un écran ! On finit donc par brancher réseau, écran, clavier et souris :</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/7C2CAA4A-EA48-AFAC-8BF1-8967FA531580.jpg" alt="Branchements de la machine"></p>
<h2 dir="auto">Et on installe…</h2>
<p dir="auto">Pour l’installation, on se sert d’un port USB en façade, comme on l’aurait fait pour un ordinateur classique à mettre sous Linux : </p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/44E2BF44-1AF4-F472-E3DE-B84B5C642518.jpg" alt="Clé USB pour l’installation"></p>
<p dir="auto">Avec un vieux clavier, un écran 4/3 et une souris à boule, nous voici lancés pour la configuration.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/65020843-7935-1D4A-2DAC-6E1E00CF380B.jpg" alt="Configuration de la machine"></p>
<p dir="auto">Le système d’exploitation que l’on utilise sur Caribou est le même que sur Alice et Bob : <a href="https://www.proxmox.com/en/proxmox-ve" rel="noopener noreferrer">Proxmox</a>. C’est un système d’exploitation basé sur Debian spécialisé dans la gestion de machines virtuelles. Caribou ne fera donc pas tourner directement les services ; ils seront lancés dans des machines virtuelles.</p>
<p dir="auto">Pourquoi ? Pour séparer les services critiques des moins critiques, allouer plus ou moins de ressources à telle machine, créer une machine dédiée aux tests sans casser la production…</p>
<p dir="auto">On installe la version 7 de Proxmox, qui nous facilite la configuration en créant tout ce dont on a besoin. Ici, comme sur une installation Debian classique, on configure le réseau.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/9B3373C2-CF95-6846-797D-7EB82D44A517.jpg" alt="Configuration du réseau sur Proxmox"></p>
<p dir="auto">Et puisque tout a bien été fait côté Rhizome, la machine est contactable depuis Internet dès la fin de l’installation !</p>
<h2 dir="auto">Pour finir</h2>
<p dir="auto">Une petite étiquette pour reconnaître la machine parmi les centaines qui hantent la salle machine, c’est toujours utile. Au hasard de nos déambulations dans la salle serveur, on retrouve une étiqueteuse high-tech avec un écran.</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/21E6E248-0EC8-5291-E0D6-D3F8E0DFA694.jpg" alt="L’étiqueteuse de la DSI"></p>
<p dir="auto">L’étiquette est posée et permet de différencier les trois machines de l’armoire Rhizome : Caribou, Coulemelle et Chanterelle. L’armoire a de la place pour accueillir d’autres serveurs ; pourquoi pas ceux d’autres CHATONS ?</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/C59E252C-47DF-EBF3-B66E-61D26B2FF8E8.jpg" alt="Machines de l’armoire Rhizome"></p>
<p dir="auto">La machine est installée et connectée à Internet en à peine 2 heures. On est content. Ça se voit, non ?</p>
<p dir="auto"><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/470AED7B-251D-BD63-24E5-CAA28EB5EF48.jpg" alt="La fine équipe technique"></p>
<p dir="auto">Des bisous à Rémy, qui prend la photo.</p>
<p dir="auto">Des mauvaises langues disent qu’on est resté un peu trop tard dans les locaux, que le personnel de la DSI nous aurait enfermé dans la salle serveur puis activé l’alarme ; que nous aurions déclenché la dite alarme en essayant de sortir de la salle verrouillée et attendu jusqu’à ce que quelqu’un vienne nous libérer. N’importe quoi.</p>
<h2 dir="auto">Mot de la fin</h2>
<p dir="auto">On espère que ce petit billet vous aura plu, et que vous aurez appris des choses ! On vous dit à la prochaine, peut-être même dans moins d’un an !</p>
]]><![CDATA[Communiqué : Changement de charte graphique]]>https://blog.picasoft.net/~/Picablog/communiqué-changement-de-charte-graphique/2021-04-01T07:00:49.173453+00:00Picasofthttps://blog.picasoft.net/@/picasoft/2021-04-01T07:00:49.173453+00:00<![CDATA[<p>Depuis 2016, Picasoft se saisit avec enthousiasme de la question de l’éducation populaire au numérique. D’install party en réunion technique, chacun·e peut venir apprendre et contribuer avec son bagage, sans discrimination sur le niveau ou les compétences. Nous nous efforçons de rendre notre association aussi inclusive que possible afin que tou·tes s’y sentent bienvenu·es. Ainsi, nous pourrons progresser ensemble vers une informatique plus libre, sans laisser personne sur le carreau.</p>
<p>Fort·es de ces années de lutte contre l’élitisme et l’entre-soi, nous voulons maintenant nous attaquer à l’un des derniers bastions de la violence symbolique : les arts graphiques. Quoi de plus parlant, mais aussi de plus implacable, qu’une image ? Et puisqu’elle vaut mille mots, nous voulons faire de la nôtre un discours vibrant pour l’accès de tou·tes au graphisme et à sa puissance. Tout comme nous pensons qu’il n’y a pas besoin de savoir hacker le Pentagone pour rejoindre la team technique, nous pensons qu’il n’y a pas besoin de savoir dessiner pour proposer une charte graphique. On apprend chemin faisant.</p>
<p>Pour ouvrir la voie, certain·es de nos membres se sont déjà essayé à créer de nouveaux logos. Mais ce n’est que le début d’un grand chantier, les contributions restent ouvertes ! Alors laisse tomber ta peur du ridicule, ton sentiment d’illégitimité, et à tes crayons ! Nous nous engageons à tout utiliser, dans la franche camaraderie et la bienveillance qui nous sont si chères.</p>
<p><img src="https://blog.picasoft.net/static/media/712866B2-ED95-6D01-15CF-5B9223D72F95.png" alt="Picapril"></p>
<p>D’ailleurs, ne pensez vous pas qu’il soit mal de tenter de se vétir d’une image parfaite? De l’esthétique consensuelle? L’art et le beau à toujours choqué à ses débuts. Ainsi telle une origine du monde 2.0, cette charte graphique de logos tend à vous montrer en toute puissance, que vous vous trompez sur le beau.</p>
<p>La bise sur Microsoft® Paint™, qui nous a évidemment servi à la réalisation de ces logos, qui une fois de plus, nous fait la démonstrations de toutes ses impressionnantes capacitées.</p>
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